28/02/2018

Malte... bilan d'un "désastre" physique et psychologique.

posté à 18h21 dans "Saison 2018"

Hello,
depuis ma blessure du 20 janvier dernier, il s'en est passé des choses.
Cette sortie longue d'1H30 m'avait coûté une déchirure au mollet gauche ; déchirure que je n'ai pas soignée dans un premier temps puisque je l'ignorais. On (enfin moi avec les kinés et la toubib) était partis sur une contracture. Malgré tout elle s'est recollée à l'aide des séances de kiné et de cryothérapie. Mais à vouloir aller trop vite, je l'ai ré-ouverte un samedi, après à peine 15 minutes de "trottinage" souple.
L'inactivité l'a fait se recoller malgré tout.

Sur les conseils du Dr Ngassaa, médecin du sport, je suis allé nager 2 fois et rouler une fois la semaine d'avant l'objectif maltais.

Je n'avais plus de réelle douleur mais malgré tout j'ai encore suivi ses conseils pour ne pas faire de séance CAP la veille du marathon et ce, pour éviter de me re-blesser.

Pour ne pas déroger à mes habitudes sportives, j'ai pris place le matin du 25 février aux avants-postes de la meute de plus de 900 marathoniens, à 7H30.



L'objectif était de ne pas partir trop vite mais de ne pas perdre du temps au démarrage en slalomant. Je comptais partir souple et me décaler immédiatement pour ne pas gêner celles et ceux qui allaient me doubler.

C'est ce que j'ai fait très rapidement contrairement à mes habitudes.
Pas évident à accepter mais bon, c'était ça ou me blesser !



Le départ était plutôt descendant, donc pas trop usant. J'ai fait le max pour essayer de garder une allure souple mais dans ce profil cela restait compliqué.
Après seulement 4 kilomètres, mon co-équipier Estonien "Patrice" était déjà à ma hauteur, avant de me doubler sans forcer. Je savais déjà depuis longtemps que notre challenge était ruiné en raison de mon état, Patrice n'avait plus de rivalité pour finir avant moi. Peu m'importe, l'occasion m'a permis de le revoir et de passer quelques jours en sa compagnie, ce qui a été très sympathique.

Petit à petit j’égraine les kils sans trop de soucis malgré quelques portions en faux plats montant assez usants.
Le sourire devant les photographes et le public (quand il y en avait, lol).



Il n'aura suffit que d'un virage serré pour éviter un concurrent qui surgissait d'un buisson (pause "double Pi" sans doute), pour que mon pied droit glisse sur une plaque de boue et m’entraîne sans tarder sur le bitume. Plus de peur que de mal mais une belle frayeur... quelques éraflures aux avant-bras et une couleur camouflage sur tout le côté droit !
Heureusement que le stand "épongeage" n'était pas trop loin !



La température parfois étouffante, les faux-plats et le manque de "solides" au ravitos commencent à peser. Dès le 13ème kilomètre le mollet commence à piquer. Je sens bien que si j'accélère, je vais devoir faire face à un problème "déchirant" alors je tente de compenser en accentuant les mouvement sur la jambe droite, comme à l'écotrail (ce qui m'avait valu une déchirure du muscle situé à l'aine... bref)

Mais bon je savais que ce serait dur et difficile de finir. Dès que le dénivelé se positive, je dois ralentir et forcer plus à droite qu'à gauche mais cela devient compliqué.
Les crampes de quadris se dessinent, s'amplifient au point de me tordre de douleur dès la moindre descente. Après le physique, le mental donne des signes de faiblesse.
J'ai de plus en plus de mal à conserver une allure régulière. A peine la moitié du circuit de fait et déjà une allure qui oscille entre 6'30 et 7'00 au kilo.
Je sais que la seconde portion va être un calvaire, mais bon, c'est parce que je le veux bien !

Après 26 kils, je commence à dépasser les marcheur du semi, et quelques uns de la course, partie 1H45 après nous. J'essaie de remettre un peu de fréquence dans la cadence mais rien n'y fait.
Les petites bosses font de plus en plus mal à ce mollet à qui je refuse de demander plus de sacrifice. Les quadris qui jusqu'ici ont essayé de compenser sont désormais hors service, alors...
Je suis parfois "obligé" d'alterner marche et trot... mais le fait d'être doublé par les marcheurs et les marcheuses me minent encore plus le moral.

Les larmes montent aux yeux quand je vois qu'au 30ème kilomètre, mon allure est près des 10' au kilomètre. Je réalise qu'il va me falloir, à cette allure, encore 2 heures pour boucler le périple. J'en ai marre à un point !!! Psychologiquement je suis à bout mais je ne sais ni pourquoi ni comment, je tiens. L'envie si dérisoire soit-elle de ramener une 21ème médaille à la maison. Mais bon, quelle est réellement la valeur d'une médaille acquise sur un entêtement aussi débile ??? Décidément, ce n'est plus beau d'être vieux et con...



J'ai beau "sourire" devant les flashs, le cœur n'y est plus. Je rêve de passer cette ligne et d'en finir, mais ce n'est pas encore pour maintenant.

Je trottine doucement mais surement dans cette descente qui nous ramène vers le port de Sliema et la looooongue ligne plate de l'arrivée.

Plus que 5, puis 4, puis 3 kilomètres et je réussis à me concentrer un peu pour m'autoriser quelques calculs mathématiques.
3 kils à 10' au kil c'est 30 minutes... cela fait 4H30 que je suis parti... en essayant de forcer un peu, je peux peut-être espérer de passer sous les 5 heures. A défaut de mieux...

Je m'accroche, je subis plus que je ne décide de mes mouvements. Plus que 2 kilomètres. J'entends de loin le speaker, je croise les athlètes finishers dont certains m'encouragent.
Je sors, bien caché dans la poche arrière de mon baggy décathlon depuis le départ, mon "Gwenn ha du" (drapeau breton) de 1.50m par 90 cms.
Ce n'est pas grand chose mais ça me donne une once de force pour terminer le run en trottinant, sans oublier de regarder sans cesse ma montre !

J'approche de la ligne, je vois que le chrono est encore sous les 5H.
Les jambes sont brûlantes, le mollet très douloureux mais tant pis, je n'ai plus rien à perdre !

Plus que 100 mètres je me retiens de hurler tellement j'ai mal au mollet et aux quadris, 50 et la délivrance...

Après 4H57'56 je termine ce périple, éreinté, usé.
Je me rattrape à une barrière pour éviter la chute. Il était temps que j'arrive...

Je saisis ma médaille, une bouteille de powerade et enfinnnn !!! une banane !!! Seul élément solide ingurgité après le p'tit déj.



Patrice a terminé en 4H06 son marathon et Olivia en 2H06 le semi.
Bravo à eux, ainsi qu'aux 61 autres français(es) du marathon et les ??? du semi. Le circuit n'était pas des plus faciles, de nombreux faux-plats surtout en seconde partie (commune au semi), difficulté amplifiée avec l'humidité et la chaleur parfois étouffante.
Patrice, en septembre à Tallin je ne pourrai pas faire pire, donc notre challenge aura je l'espère un peu plus de "battle" :)
Ne relâche pas trop ton training.

BILAN :
Le docteur Ngassaa m'avait prévenu que ce serait difficile et que je n'étais pas sûr de finir... sans entrainement depuis un mois je savais de mon côté que ce serait compliqué, sans parler de déchirer à nouveau le mollet. "Veni, Vedi, Vici" comme le disait Jules César.
Je suis allé là-bas, j'ai vu et j'ai bouclé le trip, mais dans quelles conditions !
Je me suis ruiné la santé mais aussi la tête. J'ai pris cher, très cher ou plutôt trop cher. Que ça me serve de leçon pour les mois ou les années prochaines.
A ne pas refaire, surtout pas. Un entrainement, même si petit soit-il en Nat + Bike m'aurait permis de garder un peu de foncier et de continuer à travailler le souffle et les jambes, mais sans les "casser". La surcharge de poids accumulée ces derniers mois y est aussi pour beaucoup. Il va falloir que de ce côté là aussi je me reprenne vraiment mains, même si avec des horaires de nuit et un seul "vrai repas" par jour, le soir, ce n'est pas le top. On essaiera de faire au moins pire.

1 - Alterner nat/CAP/Bike seront les prochains styles de training que je vais devoir m'imposer pour retrouver une santé et pourquoi pas re-progresser un minimum.
2 - Avec ça, il me faudra adapter au mieux mon alimentation en écartant des sources trop sucrées et sources de prise de masse trop grasse.
3 - Retrouver un peu de mental et d'envie (ça fait des mois que je le dis) pour aussi mieux assimiler les entraînements et les courses.

Voilà 3 règles simples, l'avenir me dira si je suis capable de les suivre sur le long terme !

@llez, la suite au prochain épisode ! Bye...

PS : accessoirement j'ai bouclé mon 21ème marathon sec... c'était le 4ème à l'étranger après Dublin, Palma de Mallorca et Copenhague.

 


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