01/04/2013

ECOTRAIL 2013... RETEX de 77 kms de trail...

posté à 03h31 dans "Saison 2013"

Hello,
les jours passants, le temps me manque pour me mettre "correctement" à l'écriture de mon RETEX Ecotrail, comme j'ai souvent eu l'habitude de vous les rédiger...

En guise de "roman" illustré, voici quelques lignes qui résumeront ma course du 16 mars dernier.

Après trois mois de préparation assidue, dont les deux dernières semaines avec plus de 10 H d’entrainement (séries longues, fractionnés en côte, etc…) il était temps d’enfin prendre le départ de la sixième édition de l’Ecotrail, pour 80 kms au milieu des immensités forestières de Versailles, Guyancourt, St-Cloud ou encore Meudon).

Malgré des températures fraiches, avoisinant les 2/3°, et la neige encore présente par endroits, suite aux intempéries du début de semaine, les 2000 participants à la distance phare, étaient, comme moi, prêts à en découdre. Après une dernière mélodie, servie par les cors de chasse, le décompte horaire était lancé…

5, 4, 3, 2, 1… Goooo, c’est parti pour neuf à dix heures de course…



Le caméscope en main pour immortaliser l’instant, comme à mon habitude sur les ultra-races, je m’étais placé sur le devant de la scène histoire d’accompagner les futurs « têtes », dont le vainqueur, durant les 400/500 premiers mètres, avant de caler ma vitesse de croisière sur une allure plus raisonnable. Toutefois, le côté plat du démarrage, et la fougue de mon envie d’en découdre n’ont pas pu m’empêcher d’être un cran au-dessus de la logique… 55’ pour les 10 premiers kilomètres… 1H50 après 19 bornes de course, et moins de trois heures pour accéder au trentième…
Trop vite, c’est sûr je suis parti trop vite…

Dans cette allure rapide qui n’avait d’autre objectif que de me voiler les yeux sur la réalité, il ne m’aura fallu que 32, voir 33 kilomètres pour « exploser », et ralentir sérieusement la cadence… La fatigue, le froid ambiant et le début de quelques contractures bénignes ont commencé lentement à me détériorer le moral. Ce mental qui a pourtant fait ses preuves sur des courses comme l’Ironman d’Embrun, les Ultra du Vercors ou encore l’Endurance Trail des Templiers, semblait défaillir…



Histoire d’essayer de me remotiver, je jette un œil sur les SMS, les mails, avant de poster quelques news sur mon mur Facebook et faire profiter en LIVE ma course aux amis(es)… Au quarantième kilomètre, la galère continue, les jambes semblent ne plus en vouloir, mais avancent malgré tout, comme portées par les applaudissements du public parsemé, et les encouragements mutuels échangés avec les autres concurrents. Comme sur un marathon, le « mythique mur des 30 », semble agir. Dans les bosses tout le monde parait à l’agonie, silencieux, en arpentant sans mot dire le chemin qui nous mène au sommet de la difficulté.
42, 43, 44… on arrive au ravito en eau des « Apprentis d’Auteuil », en haut de cet escalier interminable, en plein courant d’air… Tout le monde s’empresse de remplir ses poches à eaux et autres bidons, avant de repartir, transis par ce froid. Avec les muscles qui s’affolent comme gelés par cet air cinglant, je me prends quelques minutes supplémentaires, à l’abri derrière ce muret, pour mettre ma veste et tenter de conjurer cette impression d’hypothermie qui me gagne.



Parfois, j’ai hâte d’être à la prochaine bosse, comme dans la montée vers « l’Orangerie », à Meudon, en me disant que pendant ces moments là j’aurai le temps de profiter d’un peu de repos… mais quand ça monte, l’effort reste intense et encore plus difficile à gérer. Avec l’arrivée des pluies, s’en est trop. Le mental prend encore un coup derrière les oreilles, mais la vue de la « grande dame », là-bas me redonne une once de courage. Les coups de fil chaleureux des potes sont là aussi pour me redonner le cœur à l’ouvrage ! Merci les gars (et les filles)…
Le ravito du 54ème est glacial. La pluie ne cesse plus, le vent nous gèle les os, et le simple fait de s’arrêter trois ou quatre minutes nous décompose sur place. Quelques morceaux de fromage, des tranches de saucisson sec, un peu de Pepsi et c’est reparti.



La nuit tombe à l’entame du 55ème kilo… mais malgré les averses, la course de nuit semble plus me réussir. Je reste toutefois prudent dans les sentiers engorgés de boue qui depuis le départ, à chaque foulée, me font risquer la chute ou la blessure… mais les kilos s’engrangent.

60 bornes au compteur désormais…
Les messages ne cessent d’arriver sur l’iPhone, comme pour tenter de m’aider à tenir le coup… après tout, il ne reste plus « QUE » 20 kilomètres maintenant… on ne va pas s’arrêter en si bon chemin, si ?
La pluie redouble, les conditions de courses sont difficiles mais les bénévoles ont toujours un p’tit mot sympa. Après tout, sous leur poncho, ils ne sont pas mieux lotis que nous… Bravo à elles et eux !

Au détour de ce chemin détrempé et glissant, le ravito du 65ème…
Pas le temps de prendre le temps. Une légère collation pour engranger des forces, sous ces trombes d’eau qui s’abattent, et c’est reparti vers la descente finale, celle qui nous conduira sur les quais de Seine, et je l’espère à la finish-line tant attendue. Encore quelques SMS qui réchauffent, un ou deux appels, et je dévale vers les rues parisiennes… les yeux sont embrouillés par la flotte, ce qui me vaut, avec un australien, une erreur d’aiguillage… seulement 700 mètres de « bonus » avant de faire demi-tour pour reprendre le bon tracé et nous rapprocher de la Tour…



Comme boosté par l’approche de la majestueuse armature de métal, je ne m’arrête plus, ma foulée semble même prendre un peu de vitesse. Je lâche un à un les athlètes qui jusque-là étaient à mes trousses. Celles et ceux que je double semblent résignés, et n’essaient même pas de m’accrocher. Encore quelques hectomètres, la Tour est aux bout de mes doigts…
Mes doigts ? comme mes mains qui ne cessent de trembler, ils sont gelés, au point de ne plus réussir à régler le caméscope.
Ça y est, enfin, la petite « surprise » annoncée en début de course, pour pallier aux travaux qui nous empêcheront de gravir les marches de la Tour Eiffel jusqu’au premier étage, est là. Sa « petite sœur », faite de ballons, éclairée d’un halo rouge me tend les bras. Je ralentis, puis m’arrête. Comme je n’ai personne derrière, j’ai décidé de passer en marchant cette ligne salvatrice, en la savourant comme il se doit, les deux bras en l’air, en signe du « V » de ma victoire…



9H25, c’est le temps qu’il m’aura fallu pour boucler ce périple de 77 kilomètres. Avec une place de 448ème sur 2000 partants, je me classe dans le premier quart des finishers… je n’ose même pas y croire, moi qui avait décidé de faire cette course pour le « fun », sans autre objectif que celui de la finir. Je suis heureux d’en terminer, dans ces conditions, et à cette place.

Plus tard certains me demanderont…

Et le plaisir dans tout ça ?
Honnêtement depuis le 30ème, sportivement parlant, il n'y en avait plus... rincé, dégouté, fatigué... Et ras le bol de la boue puis de la flotte.
Mais le plaisir existait, autrement, discrètement, en lisant mes messages, mes SMS, en écoutant vos paroles via l’iPhone... C'est ce qui m'a fait tenir le coup et savourer le passage de la ligne d'arrivée ! Et là, énorme plaisir d'en finir... et de concrétiser des heures de training.
Les efforts, avec leurs douleurs mais leurs joies aussi, méritent d'être partagés même si cette satisfaction d'en finir reste égoïstement très personnelle ! Il n'y a plus rien autour, on est dans sa bulle. On s'enferme dans notre petit monde et on est heureux une fois de plus d'avoir bouclé un truc qui pour certains(es) suscite l'admiration, le respect, la folie... Une vraie victoire pour soi-même, dans son for intérieur.
Chacun peut y arriver, il faut juste s'en donner les moyens, et arrêter avec les excuses bidons "j'n'ai pas le temps"... moi, je le trouve bien…

Merci à toutes et tous pour le soutien apporté, et ayez confiance en vos capacités, on est tous des humains, pas des extraterrestres, chaque chose vient à qui sait la désirer...

Avec cette nouvelle épreuve, je rajoute à mon compteur un quatrième ultra-trail, en plus de mes deux Ironmans et de mes treize marathons « secs »… je savoure ces instants qui chaque jour m’aident à progresser, à me découvrir, à profiter de la vie. Ces épreuves, aussi difficiles soient-elles me permettent de m’épanouir et d’apprécier le sport, d’échanger avec les athlètes qui apprécient cette passion.

Bye et encore merci à toutes celles et ceux qui m'ont soutenu, encouragé et "réchauffé"...

@ un de ces 4, quand j'aurai quelque chose d'autre à vous écrire ! Bye...

 


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